LE PRARABHA KARMA
Le prarabdha karma est le karma qui échoit dans l'instant présent, et qui génère donc d'une manière ou d'une autre tous les événements de notre vie. Il y a en fait deux sortes de prarabdha karmas (dans l’instant présent) : • iccha prarabdha karma • aniccha prarabdha karma
L’iccha prarabdha karma regroupe toutes les incitations karmiques héritières des désirs et attachements antérieurs, donc de l'attachement au petit moi , Il est la conséquence du désir (kama) stocké par le sancita karma (en fait dans le chittakasa qui est la "substance" du manomayakosha). La notion de désir ou d’attachement est importante, car elle est une des bases de la construction sociale, mais d'un point de vue plus élevé, elle est la mesure de l’attachement de l’âme individuelle à la répétition de ce qui lui est connu et sa résistance à toute forme d’évolution. Ainsi le désir n’est-il pas à prendre en compte en termes de désobéissance, pêché, transgression, mais plutôt par rapport à un raffermissement des ancrages et des attachements dans le chittakasa (samskaras). Ces attachements qui sont tamasiques s’opposent au mouvement évolutif et maintiennent le flux individuel dans un état de dépendance générateur de peurs et de souffrances.
L’aniccha prarabdha karma regroupe toutes les incitations karmiques qui ne sont pas en relation avec les désirs et attachements antérieurs, héritées d'autres sources. Il est la conséquence d’un sancita karma non lié au désir, et peut-être hérité d’un karma collectif ou aussi d’un flux karmique antérieur à cette vie ou même transgénérationnel.
Ces deux prarabdha karma apparaissent sous deux aspects : • pareksha (externe) • apareksha (interne)
Le pareksha prarabdha karma regroupe toutes les incitations karmiques qui se manifestent par des événements extérieurs. Lorsqu'il émane d'autres personnes ou même d'autres êtres animés, cela signifie que leurs comportements répondent à nos attentes karmiques. L'apareksha prarabdha karma regroupe toutes les incitations karmiques qui nous viennent de l'intérieur, c'est-à-dire qui génèrent des événements mentaux, énergétiques ou corporels.
Cette notion de pareksha (ou pareccha) est particulièrement intéressante, car elle apporte une vision nouvelle sur l’action d’autrui et l'interdépendance du lien relationnel. L’autre existe bien en soi, mais il est aussi simultanément une projection et une actualisation d’une partie de nous, et un véhicule de notre prarabdha karma. Les événements provoqués par les autres ne seraient donc qu’une actualisation à travers eux de notre propre prarabdha karma, ce serait en quelque sorte du karma externalisé. Il seraient alors les "livreurs" de ce karma et n’en seraient donc pas responsables (par rapport à nous), simplement acteurs. Cette action étant pour eux de l'aniccha prarabdha karma.
Concernant le prarabdha karma, c'est un peu comme si on était dans une rivière qui charrie toutes sortes d'objets : certains encombrants, d'autres coupants, d'autres colorés, etc... Dans ces objets (peurs, angoisses, ressentis, appréhensions, maladies, jalousies, etc...) certains sont l'héritage d'actions volontairement possessives, basées sur le désir, sur la revenche, etc... Ils représentent l'iccha prarabdha karma, et on doit pouvoir les reconnaître, mais cela nécessite une attention très sincère et sans concession, ainsi qu'une capaciité à se pardonner quand on les voit. Ceux dont on n'identifie pas la provenance émanent peut-être d'autres causes que celles de nos désirs, ils représentent l'aniccha prarabdha karma. Ils ne nous invitent pas à réagir de la même manière, car ils ne provoquent pas de résaction émotionnelle, et il est donc plus fcile de s'en écarter. Quels qu'ils soient, s'ils arrivent par eux-même, ils sont apareksha, s'ils sont envoyés par quelqu'un d'autre, ils sont pareksha.
COMMENT DEVELOPPER L'ETAT ANAGAMI?
Anagami = a ou an (sans, privatif) agami Les réactions aux incitations du prarabhda karma vont nécessairement impliquer une création d’agami karma, à moins que la conscience ne mute cette réaction en action pure, et cela en premier lieu en échappant aux mécanismes du conditionnement qui gèrent les automatismes de défense.
Un des moyens est la méditation karmique, qui occupe le terrain de la conscience, mais aussi met en évidence une relation à double sens entre la cause et l'effet (le processus causal immédiat, la manifestation de sancita par prarabdha, devient l'objet de l'observation simultanément à l'effet). La méditation karmique est une observation-écoute-présence en simultanéité du processus de reconduction des flux karmiques (sancita vers agami via prarabdha).
Il en existe d’autres, notamment dans le bhakti marga (absorbtion dans la dévotion, identification à des devas, pratikas, etc…) et le karma marga (rites, rituels, mantras, yantras, etc…)
Peut-on parler comme certains de bon ou de mauvais karma?
Les idées de bien ou de mal sont d'ordre moral et dépendant des règles instaurées par les sociétés humaines - pas des règles de la causalité - elles varient d'une culture à l'autre. L'intention de faire du mal ou du bien, qu'elle émane d'un désir ou non, porte en elle des conséquences, mais comment ces conséquences vont s'actualiser, nul ne le sait précisément; par contre si cette intention est conditionnée, elle ne rapproche pas l'être de moksha, la libération du samsara, mais plutôt d'une consolidation de l'égo et la fragmentation. La croyance en un bon ou mauvais karma est liée à une évaluation morale, et n'est qu'une manipulation de plus qui a fait ses preuves.. (cf Manava Dharma Shastra ou lois de Manou, rétributions post mortem, réincarnation, etc... par exemple). Il n'y a pas à vrai dire de bon ou mauvais karma, mais des actions qui sont conformes ou non conformes au dharma, ce qui peut sembler identique, mais en fait ne dépend pas d'un contexte moralisateur et sociétal, mais se référe à ce qui est juste et équilibré par rapport aux lois universelles, notamment la loi de l'Un. Agir en état de méditation, de pleine conscience, indépendamment du bien ou du mal transcende ces deux valeurs. Il y aura alors une intention juste, ni bonne ni mauvaise, qui sera neuve, fraîche, appropriée, authentique et non réactionnelle. Qu'elle soit jugée bonne ou mauvaise par des yeux qui ne voient pas n'est pas essentiel, mais si elle est vraiment Juste, alors elle va dans le sens du Bien universel, et porte en elle de facto l'Intelligence et l'Amour.
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